De l’eau avec du vent.
C’est de Saint Barthélemy, île paradisiaque des Caraïbes (Antilles françaises) à 6 200 km de la France que l’idée a jaillit.
Saint Barth est une île dite « sèche » car le soleil est fort généreux et les pluies quasi-inexistantes. Un climat et de longues plages de sable blanc font le bonheur de riches touristes américains. La beauté des paysages naturels et les fonds marins sont la seconde richesse de l’île. Sur ce rocher émergeant les alizés sont réguliers et l’eau potable rare. L’eau potable, ressource indispensable à toute vie, est importée en bouteilles. Depuis peu, l’eau est fourni par une usine de dessalement par osmose inverse ce qui fait que le prix de l’eau du robinet, au mètre cube, est le plus cher de France.
Un jeune provençal de Saint-Tulle, un peu bourlingueur, travaillait sur l’île dans la réparation des frigos. Comme nombre de ses voisins, il récupérait l’eau qui coulait de son climatiseur pour compléter la réserve d’eau du ciel servant aux lessives. Et pour boire, il devait, comme tous les îliens, acheter de l’eau embouteillée. Pour pallier ces contraintes, comme tout bon bricoleur, il laissa vagabonder dans sa tête les idées sur le sujet. En 1995, une innovation émergea de ses réflexions, il imagina un système frigorifique couplé à une éolienne. Le principe ? Condenser grâce au froid la vapeur contenue dans l’air à l’aide de l’énergie produite par l’éolienne, puis filtrer le liquide obtenu. Il déposa un brevet à son retour en métropole en 1999. Une éolienne capable de produire de l’électricité et de produire assez d’eau pour un village de 2 à 3 000 personnes avec une fiabilité supérieure à celle d’un puits puisque c’est la condensation de la vapeur d’eau contenue da l’air qui assure le processus. Elle est 100 % écologique, autonome, n’a pas besoin d’énergie additionnelle et n’émet pas de CO2. Les ingénieurs ont imaginé une version solaire pour pallier l’absence de vent. Ce qui représente l’avantage de produire de l’eau dans toutes les conditions, sauf aux pôles. La turbine aspire l’air à travers un filtre et l’envoie vers un compresseur. Un local technique accolé traite l’eau pour la débarrasser de ses impuretés. Au pied du mât de l’éolienne, un robinet assure la distribution.
Cette invention est née de la volonté d’un jeune homme d’améliorer le quotidien et d’aider ceux qui meurent de soif. Brasser de l’air pour produire de l’eau, c’est ce qu’a réussi à combiner l’ingénieux bricoleur.
A l’inverse, chacun de nous connaît du monde qui brasse de l’air pour produire du vent. On ne va pas balancer de noms mais ce n’est pas avec du vent et des courants d'air qu'ils gonflent leurs poches !
Le monde n'est pas une marchandise,
l'eau non plus.