Parution : Mai 2023
Inquiétant rapport de l’ONU
L’eau a longtemps été considérée comme un bien commun. Peut-on en faire un bien économique gérée selon la logique du marché comme si elle appartenait à ceux qui n’ont reçu que le droit de l’utiliser ? Certainement pas, répond Pédro Arrojo Agudo, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement. S’il rejette fermement ce type d’arguments c’est parce que cela met à la fois l’exercice des droits humains, en particulier pour ceux qui vivent dans la pauvreté et la durabilité des écosystèmes aquatiques.
Dans un rapport qui a été transmis à l’Assemblée générale des Nations Unies, l’ancien professeur de l’Université espagnole de Saragosse éminent expert en matière de gestion de l’eau nommé rapporteur spécial de l’ONU en 2020, s’inquiète du fait que le commerce des droits d’utilisation de l’eau sur les marchés érode gravement la notion comme bien commun et affaibli le rôle de l’Etat en tant que garant de l’intérêt général. Il appelle donc les gouvernements à se demander si traiter l’eau comme une marchandise ou l’abandonner à la spéculation financière des marchés à terme est vraiment un outil approprié pour faire face aux pénuries de cette ressource menacée notamment par les changements climatiques. La réponse personnelle de Pédro Arrojo Agudo est sans équivoque : « Il est plus que jamais nécessaire que tous les pays reconnaissent explicitement l’eau potable comme un bien public et encouragent l’adoption d’une législation globale sur l’eau selon le principe de durabilité et une approche fondée sur les droits de l’homme.