Histoires d’eau – Ponts – Viaducs – Barrages – Châteaux d’eau

Parution : Juin 2023

Pont du Diable à saint Guilhem du Désert

Classé au titre des monuments historiques et inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, le pont du Diable a fait l’objet d’une restauration complète en 2010-2011 : nettoyage des parements, réfection des mortiers, remplacement des pierres dégradées et restauration d’une chaussée caladée. Et c’est reparti pour un siècle de plus…
Au débouché du Pont du Diable, les eaux, enfin apaisés, aménagent un magnifique plan d’eau naturel favorable à tous les formes de loisirs nautiques.

Près du Pont du Diable de Saint Guilhem le désert, les eaux impétueuses du fleuve côtier creusent depuis des millénaires les gorges de l’Hérault à travers la roche calcaire des collines du Haut Languedoc.

Pont du Diable sur les gorges de l’Hérault

Le pont du Diable au milieu des communes de St Jean de Fos, d’Aniane et St Guilhem du Désert, il est localisé à l’entrée des gorges de l’Hérault. Construit aux environs de 873, il comprend deux arches et deux ouïes est élargi à la fin du XVIIIème siècle. Au débouché du Pont, les eaux limpides forment un magnifique plan d’eau, un lieu incontournable de baignade. On peut y pratiquer divers sports nautiques dont le canoë ou le paddle.

Parution : Mai 2023

Faut-il gérer l’eau autrement?

C’est en tout cas la conviction d’une Commission mondiale sur l’économie de l’eau dont la création a été officiellement annoncée à Davos, fin mai 2022, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial. Composé de dix sept experts (responsables politiques ou institutionnels, praticiens venus de diverses régions du globe et possédant un large éventail de compétences) ce groupe se donne deux ans pour proposer de nouvelles réflexions sur l’économie et la gouvernance de l’eau afin dit-il de « sortir le monde de l’impasse actuelle ».

Alors même que les ressources en eau sont les premières à subir les conséquences du réchauffement climatique, il faut bien admettre qu’elles sont presque totalement absentes du débat politique mondial. Et faute de réponses urgentes et efficaces, les événements extrêmes (inondations, sécheresses, stress hydriques) qui affectent déjà des milliards de personnes vont encore s’aggraver du fait aussi de la surexploitation de l’eau, de la pollution et des injustices sociales dans l’accès à l’eau.

Pour Ngozi Okonjo-Iweola, directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et coprésidente de ce groupe de travail, « les conséquences de notre négligence collective et de la mauvaise gouvernance de nous ressources en eau toucheront surtout les populations pauvres du monde entier, qui souffriront de l’inégalité d’accès et des conflits liés à l’eau qui en découleront. C’est ce qui se passe déjà dans de nombreux pays avec des pertes importantes de vies humaines et de moyens de subsistance ».

La conviction de cette nouvelle convention, soutenue par les Pays-Bas et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) est qu’il faut changer le modèle de gestion de ces ressources en eau, non seulement pour atténuer la crise climatique, mais aussi pour éviter les désordres sociaux et économiques croissants, les migrations massives et les conflits potentiels.

Les dysfonctionnements des marchés actuels ne sont pas un accident affirme pour sa part une autre

coprésidente de cette commission, Mariana Mazzucato, directrice de l’Institut pour l’innovation et l’utilité publique de l’Université de Californie du Sud. Ils sont le résultat de décisions prises par les entreprises et les gouvernants. Si nous voulons que chaque personne sur la planète ait accès à une quantité suffisante d’eau potable à un coût abordable, nous devons gérer notre économie d’une manière radicalement différente. Cette nouvelle Commission aura pour tâche durant deux années à venir d’analyser la logique du système économique actuel en matière de gestion de l’eau douce « en reconnaissant que l’économie et la société sont fermement ancrés dans la nature , et non pas séparées d’elle » et de montrer la voie à suivre pour valoriser cette ressource, réduire les inégalités dans sa répartition, l’utiliser de manière durable et comme un véritable bien commun.

Il est d’ores et déjà prévu qu’elle présentera un premier rapport en 2023 lors de la Conférence des Nations-unies sur l’eau. (Source OCDE).

La 3ème division débarque

La 3ème division d’infanterie canadienne composée de 15 000 soldats et 9 000 anglais débarquent sur la plage de Saint Aubin sur Mer le 6 juin 1944 peu avant 8 heures. Les flots agités de l’Atlantique ont causé un retard de 20 minutes.

le 27 mai 1962


e paquebot El Mansour entre dans la rade de Port-Vendres avec 900 Français d’Algérie contraint de regagner définitivement la métropole. Le petit port catalan n’avait jamais connu autant de tristesse, de larmes et de désespoir que ce jour là…

Château d’eau de Vias (Hérault)

Château d’eau de Vias, village du département de l’Hérault en Languedoc.

Parution : Avril 2023

Première mondiale

En octobre 2015, Ioane Teitiota, habitant des îles de Kiribati sur l’océan Pacifique a demandé officiellement à la Nouvelle Zélande, le statut de réfugié pour cause de réchauffement climatique. La demande est une première mondiale. La quasi-totalité des îles de l’archipel sont des atolls qui dépassent à peine le niveau de la mer sauf Banaba, seule île « haute » qui culmine à 81 mètres.Et pour cause, les Kiribati sont de petites îles faiblement élevées qui commencent à ressentir les effets du changement climatique : l’océan envahit régulièrement les terres, favorisant l’érosion qui diminue la taille des rivages, et l’eau salée se mélange avec les sources d’eau douce, rendant difficile l’agriculture et les récoltes. La menace que ces îles soient submergées par la montée du niveau des eaux océanes est bien réelle. Le Président de cette minuscule République a annoncé qu’en 2012 son gouvernement est en pourparlers avec celui des Fidji afin de leur acheter quelques 2 000 hectares de terre. La population serait alors transportée sur leur nouveau territoire situé à environ 2 000 km de distance. Le Président a évoqué comme alternative les transferts de la population en Australie ou Nouvelle Zélande mais aussi la possibilité de construire des îles artificielles ou encore s’installer sur des plates-formes pétrolières ! Le changement climatique est une question mondiale qui exige une réponse de tous les pays. Il n’a pas fini de bouleverser le quotidien des populations les plus fragiles.

Jardins de l’Alcazar à Séville

L’eau est élément de décoration dans les jardins de récréation des sultanes au palais del Généralife de Granada en Andalousie. Fontaines et jets d’eau furent crées en 1319 par Abul Ualid. Photo de 1920.

Parution : Mars 2023

Glaucos

Si Icare est l’ancêtre des aviateurs, Glaucos est celui des plongeurs Grecs. A Anthédon en Boétie, tous les villageois s’adonnent à la pêche aux poissons et aux éponges. Dès l’Antiquité, au gré des saisons, les hommes et les femmes de ce paisible bourg plongent à la recherche des éponges naturelles mais en temps de guerre servent à des manœuvres sous-marines. C’est là qu’un jour, Glaucos l’un des meilleurs pêcheurs du village, ayant posé sur l’herbe son filet plein de poissons, s’endort ivre de fatigue. Il sommeillait depuis quelques instants lorsqu’une étrange agitation, le réveille en sursaut. Les poissons morts dans le filet s’agitent, frétillent, sautent. Glaucos les voit bondir sur l’herbe et regagner la mer ! Il n’en croit pas ses yeux et arrache un brin d’herbe piétinée qu’il met à sa bouche persuadé qu’elle a des vertus particulières. Les dieux des eaux l’appellent aussitôt parmi eux. Attiré irrésistiblement par la mer dans laquelle il plonge, il s’adapte à la nouvelle vie sous-marine. Au fond de l’eau, les Néréides l’accueillent, le dépouillent de ce qu’il avait de mortel transformant son apparence. Il quittait une fois l’an sa résidence sous-marine proche de Délos, faisait le tour des îles de la mer Egée. Les matelots le consulte, il conseille, prédit l’avenir et, reçoit les pêcheurs d’Anthédon. Sa longue barbe poivre et sel a pris l’aspect des herbes marines, sa poitrine s’est couverte d’algues et de coquillages, ses bras devenus nageoires et, Sirène mâle, son corps s’est recourbé en queue de poisson. Anthédon, son village natal, éleva à Glaucos un temple et lui offrit des sacrifices. On ne sait si le nom de Glaucos vient de « glaucos », mot grec désignant la couleur bleu-vert propre à la profondeur marine, ou à l’inverse, cette épithète ne tire pas son origine de la divinité marine.

L’orque est un animal sauvage d’une grande beauté. Elle n’a pas de prédateur, excepté l’homme. Malgré sa réputation sulfureuse, elle ne s’est jamais attaqué à un humain mais que voulez-vous, il faut s’inventer des motifs pour se faire une bonne conscience.

L’ogre des mers

Considéré comme un tueur depuis l’époque romaine, l’orque est pourtant dépourvu de toute agressivité, du moins envers l’homme. D’ailleurs les plaisanciers ne craignent pas de le rencontrer en Méditerranée, bien au contraire. Deux espèces d’une intelligence étonnante existent ; les sédentaires et les non-sédentaires. Entre les 2 sous-espèces, seul l’aileron les distingue physiologiquement mais leurs mœurs sont très différentes. Un mâle peut mesurer 10 mètres et peser 11 tonnes, la femelle est de taille plus modeste mais avec des mensurations de 8 mètres et 7 tonnes, elle impressionne tout de même.

Les autochtones se nourrissent de saumons, de harengs, de calmars et les nomades, carnivores, dévorent les mammifères marins : marsouins, éléphants et lions de mer, et même de baleines qu’ils attaquent en meute à la manière les loups ! Ils n’hésitent pas à affronter les cachalots, pourtant puissamment armés de dents, et les baleines bleues 3 fois plus grosses qu’eux !

Lorsqu’ils mangent une certaine espèce de baleine, la baleine de Mincke, ils recherchent uniquement sa peau et sa langue. Cette dernière est un vrai caviar pour les orques, quand à la peau ils l’arrachent délicatement, pelant leurs victimes comme nous le ferions d’une orange. Le cerveau de ce mammifère marin est 4 fois plus volumineux que celui de l’homme et doté d’un système sophistiqué de perception sensorielle. D’après les scientifiques, son langage est aussi complexe que celui de l’humain ! La denture de celui que les français appellent aussi « épaulard » est constituée de 10 à 14 dents robustes et acérées à chaque mâchoire. Les résidents peuvent rester sous l’eau de 3 à 4 minutes, les voyageurs de 5 à 15minutes.

Les orques sont regroupés autour de la femelle la plus âgée, mère de la plupart de ceux qui l’accompagnent. L’évent est situé au sommet de sa tête, le souffle est très puissant. On peut les repérer à ces grands jets d’écume blanche qui s’élèvent très haut en colonnes au-dessus de l’eau.

Une caractéristique de ce mammifère consiste lorsqu’il entend le bruit d’un bateau à hisser la moitié de son corps hors de l’eau, posé sur ses nageoires et, curieux, il regarde ce qui se passe autour de lui. Les orques parviennent à dormir en se laissant flotter au gré du courant. D’une force rare et d’une adresse spectaculaire, ce sont des nageurs très rapides, souples et joueurs. Le saut en 3 temps et 3 mouvements est l’une de leurs activités favorites. Certaines figures relevant de la haute voltige ; ils prennent leur élan, atteignent une vitesse d’environ 40 km/heure pour s’envoyer en l’air et réussir les acrobaties ! Ils le pratiquent avec une certaine grâce.

L’orque règne en maitre sur tous les océans du globe, victime d’une réputation imméritée, le plus carnassier des cétacés, est le plus pacifique des ogres !

Parution : Février 2023

Première mondiale

En octobre 2015, Ioane Teitiota, habitant des îles de Kiribati sur l’océan

Une île du Pacifique a demandé officiellement à la Nouvelle Zélande, le statut de réfugié pour cause de réchauffement climatique. La demande est une première mondiale. La quasi-totalité des îles de l’archipel sont des atolls qui dépassent à peine le niveau de la mer sauf Banaba, seule île « haute » qui culmine à 81 mètres. Et pour cause, les Kiribati sont de petites îles faiblement élevées qui commencent à ressentir les effets du changement climatique : l’océan envahit régulièrement les terres, favorisant l’érosion qui diminue la taille des rivages, et l’eau salée se mélange avec les sources d’eau douce, rendant difficile l’agriculture et les récoltes. La menace que ces îles soient submergées par la montée du niveau des eaux océanes est bien réelle. Le Président de cette minuscule République a annoncé qu’en 2012 son gouvernement est en pourparlers avec celui des Fidji afin de leur acheter quelques 2 000 hectares de terre. La population serait alors transportée sur leur nouveau territoire situé à environ 2 000 km de distance. Le Président a évoqué comme alternative les transferts de la population en Australie ou Nouvelle Zélande mais aussi la possibilité de construire des îles artificielles ou encore s’installer sur des plates-formes pétrolières ! Le changement climatique est une question mondiale qui exige une réponse de tous les pays. Il n’a pas fini de bouleverser le quotidien des populations les plus fragiles.

Combat permanent contre l’eau

Dans de nombreux pays la pénurie d’eau est depuis des milliers d’années un handicap quasi insurmontable, dans d’autres contrées, le trop d’eau est aussi un fléau.

Aux Pays-Bas comme son nom l’indique, les terres se trouvent plus basses que le niveau de la mer.

Durant des siècles, la mer et les rivières inondent régulièrement les plaines une grosse partie de l’année. Les premiers habitants construisirent des talus des artificiels, dénommés polders, entourés de canaux qui acheminent l’excès d’eau vers les rivières et la mer.

Ce fut l’invention du moulin à vent, vers 1400, qui permit la conquête de grandes parcelles de terrain. Dès le Moyen-âge, on édifia des digues pour soustraire les terres à l’envahissement des eaux. Entre le XIII° et le XIX° siècle, près de 500 000 hectares sont progressivement mis hors eau. Les moulins de polder fonctionnent toute l’année pour actionner les pompes refoulantes. A travers le pays, un paysage truffé de moulins de drainage participent à l’asséchement. Différant types de moulins dont la technique évolue au fil du temps mais le moulin de polder est le plus caractéristique des moulins hollandais. En bois, en général octogonal, parfois hexagonal, la calotte est manœuvrée de l’extérieur pour orienter les ailes.

Après une énième inondation particulièrement dévastatrice en 1916, des budgets d’Etat sont attribués pour éradiquer ce fléau récurent. Vers les années 1920 les travaux de protection débutent. Au long du XIX° siècle des ouvrages hydrauliques pharaoniques sont réalisés. Un labyrinthe de canaux d’évacuation, des écluses règulent les niveaux, des kilomètres de digues sont édifiés complétés par les moyens les plus modernes, en particulier les pompes centrifuges et la vis à eau appelée aussi vis d’Archimède parce que ce savant grec utilisait une spirale pour évacuer l’eau. Si nécessaire, elles évacuent des centaines de milliers de litre à la minute !

Une digue longue de 30 km, 90 mètres de large, coiffée d’en autoroute isole la région du Zuiderzee. Aujourd’hui, l’œuvre entreprise en 1920 est presque achevée même si le projet d’un ouvrage important vient d’être abandonné. Un énorme travail de maintenance est indispensable.

Les hollandais, opiniâtres et persévérants, ont réussis à assécher des parcelles de terre parmi les plus fertiles du monde. Les agriculteurs se sont approprié les terres pour développer le maraîchage, mais surtout déployer, depuis quelques siècles, une horticulture de renommée internationale qui a gagné le slogan charmant : la Hollande, le pays des tulipes ! On peut ajouter, les quelques moulins à vent qui nous apportent un brin de nostalgie magique !

Parution : Janvier 2023

La conquête de l’eau

Un simple geste de la main et de l’eau claire jaillit à profusion. Apparemment banal, ce service est l’aboutissement d’un long rapport de l’homme à l’eau. L’un a déployé tout son génie pour maîtriser un élément qu’il craint et dont il ne peut se passer et l’autre a façonné les civilisations et sculpté la physionomie de la Terre. L’histoire de l’humanité a été, pour une immense partie, déterminée par la quête et la conquête de l’eau. Les grandes civilisations sont nées de l’eau et près de l’eau : de sa maîtrise, de sa mauvaise gestion ont dépendu leur grandeur, leur puissance ou leur décadence.

La carte des fleuves ont été des voies privilégiés de circulation et d’exploration, puis l’homme s’est établi dans les grandes vallées fluviales où l’eau était disponible.

Le Nil, le Tigre et l’Euphrate, l’Indus, sur le continent africain, le fleuve Jaune, le Yang-Tseu-Kiang, le Mékong, le Gange ont généré des empires en Asie. La Loire, le Danube, le Rhin, le Rhône ou le Pô ont fait émerger des styles de vies et des cultures qui sont restées ancrées à leurs rives.

Depuis le premier barrage érigé sur l’ordre d’un pharaon, la première digue édifiée sur les directives d’un empereur chinois, les hommes n’ont cessé de maîtriser l’eau. Sans accès à l’eau, sans possibilité de contrôle sur elle, toute vie est impossible.

C’est pour abreuver ses cultures que l’homme a creusé ses premiers canaux et érigé ses premiers barrages et une multitude d’aménagements hydrauliques, plus ingénieux les uns que les autres, améliorés aux fils des siècles, avant tout au service de l’agriculture. Il a su développer des cultures de l’eau : le riz, le papyrus…Puis a utilisé l’eau comme voie de communication pour transporter le bois par flottage, des matériaux, des denrées alimentaires ou se déplacer grâce à la batellerie et à la canaliser pour l’asservir aux besoins de la vie quotidienne.

Les Sumériens, qui ont fondé notre civilisation, répartissaient l’eau du Tigre et de l’Euphrate, dont les crues étaient imprévisibles grâce à un vaste réseau de canaux alimentés par des roues à aubes. Quelques 3 000 ans avant Jésus-Christ, chacune des grandes villes de Mésopotamie était au centre d’un réseau de canaux qu’elle gouvernait. Ne pas curer annuellement son canal équivalait alors à une condamnation à mort. Avant même la civilisation égyptienne, les Mésopotamiens avaient ajusté un système de digues, de canaux, de réservoirs, et de barrages plus complexes que n’en réaliseront les pharaons.

Un cimetière sous-marin

Depuis le milieu de XIXème siècle, la région autour du golfe du Lion, s’est profondément transformée. La pêche et le commerce ont dynamisé les ports, notamment grâce aux échanges avec l’Afrique du Nord. Malheureusement les guerres et la décolonisation ont porté de rudes coups.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’attractivité touristique a permis une nouvelle relance économique. Durant tout ce temps, la mer Méditerranée imprévisible, le vent fréquent et souvent violent, les aléas techniques et les guerres ont causé la perte de nombreux navires, avions, donc aussi de vies humaines.

Sous la surface des eaux, cachée à la vue, les épaves sommeillent. Une épave est un vestige, elle témoigne d’un événement le plus souvent dramatique de l’histoire locale ou nationale. Une épave est aussi un refuge pour les poissons et organismes vivants. Ce refuge artificiel est un oasis de vie foisonnante. Epaves de navires de guerre et de commerces, à voile ou à vapeur, en fer ou même en ciment, elles ont une histoire à raconter. Un patrimoine historique et naturel méconnu à protéger.

Bélesta, une gestion de l’eau exemplaire

Bélesta le Château en Pays catalan, à cheval entre les vallées de la Têt et de l’Agly, est un petit village fondé au XIIème siècle défendue par un château-fort. Autrefois poste frontière entre le royaume d’Espagne et le royaume de France, Bélesta a perdu sa dynamique lorsque la frontière fut repoussée lors du Traité des Pyrénées en 1659.

Malgré une terre ingrate, difficile à exploiter, son enceinte fortifiée, son clocher tout blanc, ses ruelles pavées et ses vestiges archéologiques se conjuguent pour devenir un site rural et authentique au charme désuet.

Dans ce paysage aride, la gestion de l’eau a joué un rôle majeur dans la survie du village. On y découvre l’ancien canal, long de 600 mètres, depuis sa prise d’eau sur la rivière la Crabayrisse, jusqu’au moulin. Ce canal irriguait autrefois plusieurs jardins aujourd’hui abandonnés. L’itinéraire, très facile d’accès, valorise ce patrimoine hydraulique. Plus qu’une simple balade, ce parcours d’eau offre un éclairage passionnant sur le mode de vie de nos anciens qui se sont accrochés à cette terre austère et qui ont su y vivre.

En 1983, avec la découverte d’un important site archéologique à la Caune Balesta dont les fouilles livrent des objets datant du néolithique change la destinée de la petite ville. La commune achète le château, le restaure afin d’y installer un musée qui ouvre en 1992. La vie du village s’anime et ses habitants pressentent un avenir, enfin, plus serein.

Pont Suzanne à Quillan

Pont Suzanne à Quillan. Ce superbe pont métallique (bientôt centenaire) surmonté de deux colonnes côté ville fut financé par Mr Jean Bourel patron chapelier afin d’améliorer la desserte de l’usine de confection. Il fut inauguré en 1926 par Mr Gaston Domergue Président de la République française comme le rappelle l’inscription sur la colonne. Son généreux commanditaire lui donna le nom de sa fille, Suzanne.

Création des mers

Les mers et océans ont toujours fasciné nos ancêtres. Cette masse d’eau phénoménale qui s’échoue inlassablement sur les côtes tantôt avec une férocité sauvage, tantôt apaisée et vertueuse, toujours généreuse, est une inimaginable source de légendes et de mythes aquatiques. De merveilleux récits que se racontaient les gens de la mer à la veillée. A quelques détails près, elles s’apparentent chez tous les peuples marins. Un jour une île émergea au milieu de l’océan Pacifique. Pour expliquer ce phénomène une légende raconte que le vieux Morm pêchait lorsque son hameçon accrocha un objet très lourd. Il ne parvenait pas à le hisser hors de l’eau et pourtant ce baroudeur de la mer avait l’habitude d’attraper de grosses baleines. Alors il attacha sa ligne à un pigeon, qui, en s’envolant, tira de la mer, une longue bande de terre. En fait deux grandes îles toute en longueur sur lesquelles des Maoris s’installent amenant leurs coutumes mais ce sont les explorateurs européens qui donnent à cette nouvelle conquête le nom de Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, cette île immense est un pays de grands marins. L’océan était contenu dans un arbre gigantesque, racontent les peuplades Catio que l’on trouve dispersées dans plusieurs régions des Antilles et d’Amérique du Sud. Un jour, un écureuil un peu beaucoup sorcier mit à terre l’arbre originel et, de ses grosses branches jaillirent des fleuves, de ses rameaux des rivières. Puis du tronc s’écoula l’océan, provoquant un véritable déluge ! Les hommes se trouvaient en grand danger d’être noyés, lorsque Caragabi, leur ancêtre mythique vint à leur secours, disposa d’énormes rochers pour endiguer les flots impétueux, ce qui forma les continents actuels. Une légende, que l’on retrouve tout au long des côtes de la Manche jusqu’aux pays scandinaves, nous raconte qu’un capitaine terre-neuvas déroba à un sorcier un moulin enchanté qui obéissait aux ordres pour moudre ce qu’on lui demandait. Arrivé en pleine mer, le capitaine lui ordonna de moudre du sel ; l’appareil se mit en marche, mais son nouveau propriétaire avait oublié la formule qui l’arrêtait. Au bout d’un certain temps, le poids du sel fit couler le bateau au fond de la mer, où le moulin continua et continue toujours son travail ! Pour certaines peuplades du Mississipi, c’est l’écume de la mer qui donna naissance aux continents. Elle s’amassa autour d’une tortue qui nageait et forma ainsi les premières terres. Les Kalmouks, descendants des Mongols, croient aussi que leur sol vient d’une condensation de l’écume de mer. Le dieu japonais Izanaqui survolait les vagues et les sondait de son javelot, à la recherche d’un rocher où se poser. Il fit rejaillir des gouttes d’eau salée dont la cristallisation forma les colonnes qui, croyait-on, soutenaient le monde. Selon les Hurons, Indiens habitant un territoire à cheval sur le Canada et les Etats –Unis, la mer jaillit un jour des flancs d’une immense grenouille qu’incisa le dieu Iskeba afin d’irriguer la terre aride. Pour les Grecs pythagoriciens, elle naquit d’une larme du dieu Cronos. Plutarque croyait qu’elle était la sueur de la terre échauffée par le soleil et expliquait ainsi qu’elle soit salée. Car disait-il à l’origine, l’eau de la mer était douce comme celle

des rivières ; puis quelque chose arriva, qui lui apporta du sel ! Sous d’autres latitudes, d’autres

composantes nous expliquent comment est née la mer. Pour les Mélanésiens, toute l’eau dont l’homme pouvait étancher sa soif se trouvait dans un trou recouvert d’une étoffe afin que le précieux liquide ne s’évapore. Mais deux frères voulurent voir ce que l’étoffe cachait ; ils se disputèrent pour établir qui regarderait le premier, chacun tirant de son côté. Et plus ils tiraient, plus l’étoffe se déchirait, et plus la mer s’agrandissait !

Dans un monde où le rêve n’a plus sa place, régenté par une société matérialiste et blasée, ces histoires du monde du silence sont rafraîchissantes.

Château d’eau du Moulin à Vent

Château d’eau du Moulin à Vent à Perpignan.

Faiseur de pluie à San Diégo

Charles Hatfield, un Américain, est un personnage qui jouit d’une réputation de tombeur de pluie lorsque l’aridité sévit. Depuis plusieurs années à travers la planète, il remplit les lacs, sauve les récoltes en faisant pleuvoir ! C’est à San Diego en Californie qu’il signe son plus bel exploit !

Alors que le niveau du barrage de Morena qui alimente en eau la ville ne cesse de baisser au point d’inquiéter sérieusement les idylles municipales, Monsieur Pluie, en décembre 1915, propose tout simplement ses services. En échange de 10 000 dollars, il s’engage à remplir le réservoir avec l’eau du ciel. Il précise que si la pluie ne fait pas le plein de la retenue, il ne veut encaisser le moindre dollar !

Estomaqués, voire amusés, au premier abord par la proposition du « faiseur de pluie », les notables acceptent car les risques sont, après tout, insignifiants. Mais quel pari ! La contenance du lac est de 60 milliards de litres d’eau, jusqu’à présent seul la moitié a pu être remplie ! Si Hatfield réussit, comme un conseiller municipal le souligne, la commune aura gagné 45 milliards de litres d’eau pour une somme dérisoire : environ 0,002 cents l’hectolitre. Et si la tentative échoue, la ville n’aura rien perdu !

Au matin du 1er janvier 1916, Hatfield se présente au barrage de Morena situé à une centaine de kilomètres de San Diego. Aussitôt il érige une tour haute de 6 mètres au sommet de laquelle il déploie son matériel. Manipulée avec le plus grand soin, il installe une malle vernie qui, paraît-il, renferme une mixture spéciale attirant l’humidité grâce à un processus d’évaporation. Avec ce procédé gardé secret, il commence à : « charmer, courtiser, séduire » pour attirer la clémence des cieux.

Dès le 8 janvier, une averse répond à ses avances. Une semaine plus tard, une pluie ininterrompue arrose la région. Elle tombera à verse encore 14 jours. Pour les habitants de San Diego, ce déluge semble ne pas devoir finir. Les rues sont inondées bouleversant la vie quotidienne : liaisons ferroviaires et route fermées, lignes téléphoniques coupées, eau potable contaminée. Les rivières en crue arrachent les maisons, emportent les ponts et les récoltes.

Un bref moment de répit survient, le soleil apparaît de temps à autre entre les nuages. On commence le nettoiement et les réparations.

Mais le 26 janvier, les nuées réapparaissent. A Morena, il pleut « des cordes » toute la journée ! Aux alentours de minuit, le niveau du barrage progresse de 60 cm par heure. Finalement, il se stabilise à 20 cm du sommet.

Si le désastre est évité d’extrême justesse ici, les régions voisines ont moins de chance. Un barrage a cédé ravageant tout sur son passage. Le paysage est irrémédiablement transformé. Le bilan humain se chiffre à 50 personnes mortes ou disparues.

Le « faiseur de pluie » a tenu sa promesse, le réservoir est plein. Pourtant, lorsqu’il se présente devant le conseil municipal pour recevoir son dû, celui-ci refuse de le payer. Aucun contrat n’a été signé. Rien de plus simple alors aux élus de déclarer que le déluge était un « don du ciel ». A moins bien que Charles Hatfield n’apporte la preuve de son pouvoir sur la pluie, ce qui est impossible ! Nombre de personnes pensent que Charles a été victime d’une injustice mais sa réputation en est sortie grandie. Il est bien le « Grand Maître des nuages » ! Malgré tout, il ne gagnera jamais son procès contre la ville et abandonne la bataille judiciaire en 1938. Maigre consolation, ce personnage restera longtemps dans la mémoire des habitants de San Diego. Lorsqu’en 1948, la ville engage un nouveau « faiseur de nuages », les citadins prennent toutes les garanties et assurances contre une nouvelle catastrophe !

Et cette fois-ci, le contrat stipule que la ville a besoin d’eau, pas d’inondations !

Au fond de l’océan, un trésor convoité

Dans la mer des Caraïbes, il y a un peu plus de 300 ans, un navire de la flotte espagnole, le San José, a été coulé en 1708 par la flotte britannique près du port colombien de Carthagène. Il ne fut certes pas le premier, ni le dernier à subir un tel sort au cours des siècles d’affrontements qui ont eu lieu lorsque l’Europe se partageait le monde, mais ce navire avait cela de particulier que ce jour là il transportait dans ses cales un trésor inestimable. En effet, son butin est estimée à 17 milliards de dollars et comprend notamment des pièces d’or, des lingots d’or et des bijoux.

Le navire fut construit dans le port de Mapil à côté de San Sébastien. Le galion équipé de plus de 60 canons, figurait parmi les navires de guerre les plus puissants de la flotte espagnole. Sur les 578 marins de l’équipage, seuls onze ont survécus.

Ce n’est pourtant que récemment qu’un robot téléguidé a pu fournir des images d’une grande qualité au niveau de l’épave. Ces images ont permis de déceler un canon fabriqué à Séville en 1655, un service de table chinois intact et la coque de deux autres navires datant probablement de la guerre d’indépendance de la Colombie qui s’est achevée en 1816.

L’épave du San José repose par 940 mètres de profondeur mais cela n’a pas empêché la conduite de campagnes d’explorations sous-marines. La grande question est maintenant de savoir si cette épave est dans un état trop mauvais pour être remontée dans les prochaines années.

L’épave localisée en 2015 et le butin qu’elle recèle sont au centre d’une bataille diplomatique entre la Colombie, l’Espagne et la Bolivie qui revendiquent chacun un droit de possession. Selon Madrid qui en demande la propriété exclusive, il s’agit d’un « navire d’État» qui appartient à l’Espagne, la Colombie revendique l’épave qui se trouve dans ses eaux territoriales et la Bolivie rappelle que se sont ses ancêtres qui ont été contraints d’extraire l’argent de son sous-sol.

La Colombie a obtenu le droit sur ce patrimoine dont l’emplacement exact est farouchement gardé secret par les autorités du pays.

De rudes et longues batailles juridiques et diplomatiques en perspective dans les instances internationales de la mer…

Le Deepstar fut construit en 1965 pour la recherche océanique. Ce genre d’équipement a contribué largement à développer la connaissance des fonds marins dans les océans les plus profonds. La géologie sous-marine a également accompli de très grands progrès.

Libérons l’eau de son entrée en Bourse pour qu’elle deviennent un bien commun public mondial.

Il est temps d’agir

C’est dans les océans que serait apparue la vie sur Terre, il y a 3,5 milliards d’années ! Aujourd’hui encore, ils jouent un rôle primordial dans le maintien de la vie sur cette planète en captant d’énormes quantités de carbone, en absorbant la chaleur atmosphérique en trop et en produisant de l’oxygène. Pourtant leur avenir est compromis, parce qu’ils sont en première ligne face au changement climatique et les océans sont ceux qui en subissent le plus directement les conséquences. Ils absorbent à eux seuls 22 % du CO2 créé par les activités humaines et 90% de l’excès de chaleur générée justement par ce dioxyde de carbone.

Depuis 1993, le réchauffement des océans a ainsi plus que doublé dans le monde et les canicules maritimes se multiplient. Elles sont désormais deux fois plus fréquentes qu’il y a quarante ans. Les conséquences de ce réchauffement sont dramatiques. A commencer par la capacité des océans à fabriquer de l’oxygène. Grâce au phytoplancton et au phénomène de photosynthèse, les océans produisent en effet la moitié de l’oxygène de la planète, plus que toutes les forêts de la planète réunies. Mais une hausse des températures altère ce processus. Capter toutes ces quantités de carbone modifie, en outre, la composition chimique de l’eau et conduit à une acidification des océans. Au cours des 250 dernières années, depuis le début de l’ère industrielle, l’acidité a augmenté de 30% et le phénomène empire. En plus des facteurs climatiques, les océans sont également confrontés à une pollution grandissante. La pollution du plastique avec ses 150 millions de tonnes de déchets plastiques dérivent dans les océans. Des déchets qui mettent plusieurs années à se décomposer, sans jamais totalement disparaître. Ils se désagrègent en micro-pastiques, de minuscules débris invisibles à l’œil nu mais qui continuent à polluer les espaces marins. A lui seul le plastique affecte 1 400 espèces marines et tue 100 000 mammifères marins. Moins connue, la pollution des océans par les fertilisants de type azote phosphoré est tout aussi grave. C’est elle qui est la première responsable de la création de zones mortes à des profondeurs comprises entre moins 200 et moins 800 mètres. Ces dernières années les zones mortes se sont multipliées. Depuis 1950, leur surface s’est agrandie de 4, 5 millions de km2. Malgré le rôle crucial qu’il joue dans la régulation du climat et les menaces qui pèsent déjà sur son avenir, l’océan continue d’être exploité au-delà du raisonnable. La Chine, l’Espagne, l’Italie, la France et le Japon sont, dans l’ordre, ceux qui pêchent le plus. Cette pêche est si intense que dans certaines parties du globe elle a contribué à la disparition de certaines espèces dans leur milieu. Les techniques de pêche non responsable tuent également un grand nombre d’espèces prises accidentellement. Une gestion plus raisonnée des ressources marines, une drastique diminution des émissions de gaz à effet de serre et un élargissement des zones protégées sont prioritaires pour tenter d’éviter la disparition de la vie dans les océans.

Le pont du Gard en 1930

Le Pont du Gard, majestueux ouvrage érigé par le Romains, il y a plus de 2 000 ans. Le plus haut du monde avec 49 m, il ne cesse d’émerveiller tous ceux qu’il le contemplent. Niché dans son écrin de verdure d’une richesse et diversité exceptionnelle, cet aqueduc-pont monumental superbement conservé est une des plus belles constructions antiques de la région. Depuis toujours il attire les amoureux d’histoire et d’archéologie, les amateurs de belles pierres et est aujourd’hui l’un des monument les plus visités de France. L’aqueduc jette ses 3 niveaux par dessus le capricieux Gardon, petite rivière qui coule sous l’immense ouvrage romain, long de 275 mètres. Photo vers 1930.

Celles, renaît de ses cendres à Lac de Salagou

N° 01. Celles, le bourg romantique. Depuis les hauteurs des collines rougeâtres, le romantique village de Celles déserté par les habitans depuis 50 ans reçoit de nombreuses visites amicales. Photo de 2021.

Amitié millénaire

Depuis la nuit des temps, les hommes qui connaissaient la mer se sont aperçus que le dauphin outre sa naturelle beauté, un rictus coquin, sa facilité à jouer, possédait une intelligence bien supérieure à ses congénères marins. Il n’a jamais été nécessaire d’apprivoiser le dauphin pour qu’il devienne l’ami de l’homme.

Les textes les plus anciens font état de cette amitié. Pline l’Ancien, qui vécut au 1er siècle de notre ère, de l’an 23 à l’an 79, rapporte dans son « Histoire naturelle » plusieurs cas de naufragés secourus par des dauphins. D’autres auteurs de l’Antiquité ont écrit des situations semblables.

Par la suite, ces faits ont été parfois contestés, jusqu’à ce que des récits irréfutables aient prouvé l’amitié du dauphin à l’égard de l’homme ce n’est pas qu’une légende parmi tant d’autres.

Pendant la féroce guerre en mer de Corail en mai 1942, 6 aviateurs américains abattus par la DCA d’un porte-avion japonais, désespérés sur leur radeau de fortune, virent arriver des dauphins qui commencèrent à pousser du nez l’esquif vers la côte invisible au-delà de l’horizon. Le fait a été mentionné dans un rapport officiel de la Marine des Etats-Unis.

En 1956, un dauphin apparut au milieu d’un groupe d’enfants qui jouaient au ballon dans l’eau, tout près de la plage d’Opononi, en Nouvelle-Zélande. Il se mêla à leur jeu, revenant plusieurs jours de suite et finalement se laissa chevaucher par une fillette de 13 ans. Plus proches de nous, le 26 septembre 1969, une scène surprenante s’est déroulée au large de Cannes en Méditerranée. L’équipage du thonier « Coriandre » aperçut sur la mer un cercle d’une vingtaine de dauphins, visiblement agités. Le patron mis le cap sur cette réunion et, une femelle vint à la proue du bateau, poussant devant elle son petit qui paraissait agoniser. Un jeune de 20 ans dont je tairais le nom, étudiant en médecine et passager du « Coriandre », plongea et alla saisir le petit dauphin que la mère lui abandonna sans difficulté. Le nouveau-né respirait à peine, et l’étudiant vit qu’il présentait une malformation de son évent. Il pratiqua sur lui une respiration artificielle que l’on peut dire un bouche à bouche mais hélas c’était trop tard et le bébé dauphin mourut. Le lendemain, lorsque le « Coriandre » reprit la mer, une vingtaine de dauphins l’attendaient au large de Cannes. Ilse mirent à l’escorter, jouant devant l’étrave, plongeant et reparaissant dans le bleu de la Méditerranée.

En 1960, dans l’ex URSS, la chasse et le massacre des dauphins étaient sévèrement punies par la loi. Le Dr Serguei Klesnenberg a écrit que la loi de protection a été promulguée « à cause de l’attachement étonnant que les dauphins portent aux hommes et parce qu’on peut considérer comme énormes les perspectives de collaboration des dauphins avec l’homme marin ».

De son côté le naturaliste anglais John Z.Young écrit quelques années plus tard : « une mystérieuse sympathie attire le dauphin vers l’homme. C’est l’expression d’une nostalgie millénaire, celle d’un temps où hommes et dauphins vivaient côte à côte.

Le plus surprenant est qu’il n’a jamais été nécessaire d’apprivoiser le dauphin pour qu’il devienne un ami plurimillénaire de l’homme.

L’intelligence du dauphin n’est plus à démontrer. Peut-être qu’il a compris que l’homme horrible exterminateur d’espèces comme la sardine, la daurade, le hareng, le thon, le phoque ou la baleine épargne sa famille pour diverses raisons.

La science aidant, dans quelques décennies les spécialistes confirmeront ou pas cette hypothèse !

Oui tu es agréable et gentille avec moi, le public fantastique mais tu sais j’aimerais davantage parcourir la Méditerranée avec mes semblables, le bassin est plus vaste et puis tu sais la liberté n’a pas de prix ! Cliché environ 1960.

Le pont transbordeur de Marseille

Pétrole plus eau égale richesse

Aucun Bédouin ne pouvait imaginer que sous les sabots des dromadaires crapahutant paisiblement sur le sable roux du désert, se camouflaient depuis des millénaires dans les entrailles de la Terre deux trésors.

Ce conte de fée débute en 1930 par la découverte de champs de pétrole. Quatre fois grand comme la France, l’Arabie Saoudite possède dans son sous-sol les plus grandes réserves mondiales de cet or que l’on dit noir ! A la fin de la Deuxième guerre mondiale, la demande de cette ressource fossile explose à travers la planète. Ce premier miracle propulse subitement l’Arabie Saoudite au rang des plus puissantes économies de l’Orient.

Les engins de travaux publics tissent une toile d’araignée de bitume sur des centaines de kilomètres au milieu de contrées arides parsemées de derricks à la recherche de nouveaux gisements. Le chameau a laissé la place aux véhicules 4X4 transportant rapidement main d’œuvre et matériel d’un point à l’autre du pays. Les multinationales financent des milliers de kilomètres de tubes géants. De chaque puits du désert, ils font couler le pétrole jusqu’aux raffineries du golfe Arabique

Ce fantastique événement provoquera le second miracle. En 1954, 3 ingénieurs français décèlent à 1200 mètres de profondeur une incroyable richesse, plus fabuleuse encore que le liquide noir et visqueux. Une rivière souterraine d’eau douce longue de plus de 1 000 km et large de 40 km. De l’or encore mais celui-là est dit bleu ! Celui qui répand la vie !

Aussitôt le gouvernement saoudien exploite rationnellement ce don du ciel pour mettre en valeur un sol aride à partir des oasis existantes. Peu à peu les tribus bédouines qui constituent une population importante deviennent sédentaires car elles n’ont plus le besoin de se déplacer en permanence avec les troupeaux dans le désert à la recherche des puits et des pâturages. Très pauvre depuis des millénaires, les habitudes ancestrales disparaissent, c’est déjà de l’histoire ancienne.

A présent nomades et paysans produisent dans le sable et la rocaille, des légumes. En plein désert les arbres poussent et les fruits mûrissent.

Sans transition cette population passe du Moyen-âge au XXI° siècle ! En Arabie Saoudite le pétrole coule à flots, les pétrodollars aussi !

Au pays des mines du roi Salomon, ce ne sont plus les caravanes de chameliers qui transportent l’or !

Réservoirs d’eau sphériques

Château d’eau avec réservoir sphérique. A plus de 25 m du sol. Cette forme de réservoir permet une contenance supérieure à celle d’un réservoir cylindrique de type ancien. photo de 1965.